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Pour l’abolition de la note scolaire
Slogan du site

Pan à la note ! Panote ...

 Pourquoi les professeurs mettent-ils des notes à leurs élèves ?

 Pourquoi, alors qu’aucun texte légal ne leur en fait une obligation, qu’ils ne risquent donc pas de sanctions pécuniaires s’ils s’en défont ?

 Pourquoi, alors que la note ne fait pas apprendre et qu’elle fait perdre du temps ?

 Pourquoi, alors que les parents ne peuvent rien faire avec le verdict (… votre fille a 5 – ou elle a 15 - sur 20 en chimie) puisqu’ils ignorent comment le professeur est passé d’une analyse multidimensionnelle de la prestation à une note unidimensionnelle ?

 Pourquoi, alors qu’en outre, les parents ignorent comment le professeur a fait apprendre en amont, ou le professeur a appris à noter, ce qui l’anime ? Quels paramètres relationnels entrent en jeu dans ce jeu unilatéral ?

 Pourquoi noter, enfin, alors que professeurs et parents ignorent les ressorts psychiques de l’élève soumis au questionnement ?

Charles Pepinster

L’école sans examen
Article paru le 24 aoÍ »t 2007 dans le quotidien « metro »
Article mis en ligne le 19 juillet 2008
dernière modification le 21 juillet 2009
Une école sans point ? Inimaginable ! (Ingo Schandeler)
Une école sans point ? Inimaginable !!

L’Ecole de demain existe, et c’est tout Í fait légal !
Tel un village gaulois assailli de toutes parts par une école de plus en plus formatrice et de moins en moins épanouissante, la Maison des enfants donne vie Í un projet pédagogique particulier très cohérent et pour le moins avant-gardiste. Inspirée par les principes de l’école nouvelle, la Maison des enfants fait rayonner depuis 1992 une autre façon de faire l’école et de voir notre société.

« On peut résumer l’éducation nouvelle par deux mots : créativité dans les apprentissages au lieu de la reproduction et la solidarité au lieu de la compétition. C’est l’école créative et solidaire. Nous avons le projet déclaré de transformer la société pour la rendre plus humaine », nous explique d’entrée de jeu Charles Pepinster, le fondateur de l’école.

Cet ancien inspecteur cantonal a tout quitté pour réaliser son rêve d’une école pas comme les autres. Tout a démarré en 1992, quand le bourgmestre de Floreffe lui a demandé s’il était possible de rouvrir l’ancienne école primaire fermée 17 ans plus tÍ´t. Charles Pepinster s’est immédiatement investi dans le projet et a accepté de prendre une retraite anticipée pour redevenir instituteur Í titre bénévole. Depuis, l’école a toujours plus de succès. Une chose est sÍ »re, les parents qui inscrivent leurs enfants dans cette Maison ne doivent pas s’attendre Í recevoir des bulletins ou Í voir leurs petites têtes blondes désespérées face Í leurs devoirs. Le choix est d’ailleurs pleinement assumé.
« Je pense que se garder de la menace des examens, c’est s’obliger de mieux faire apprendre aux élèves », précise Charles Pepinster. «  Quand on a l’arme absolue de dire si un élève va passer ou non, on peut se permettre d’être moins rigoureux sur les apprentissages. Si l’élève ne réussit pas, on dira que c’est parce qu’il n’a pas assez travaillé. Supprimer les devoirs est aussi exigeant. J’ai remplacé les devoirs par les devoirs au choix. Au lieu d’amener au maÍ®tre la tÍ¢che effectuée, ils choisissent quelque chose Í faire apprendre aux autres. Il existe une grande différence entre se soumettre au maÍ®tre en lui rapportant la tÍ¢che obligatoire et faire connaÍ®tre aux autres volontairement le fruit d’une recherche. »

Au-delÍ de l’absence des devoirs et des points, la Maison des enfants est également fort différente dans sa manière d’appréhender les apprentissages. « En fait, on prépare les activités dès le matin en conseil », nous explique Jean-François Manil, l’un des deux instituteurs de l’école. « Les enseignants proposent aux élèves un programme avec une série d’activités. On laisse alors deux Í trois plages pour réaliser une activité pédagogique proposée par les élèves eux-mêmes. Cela peut aller de la lecture d’un livre Í la présentation d’un exposé.
Pour les apprentissages, on travaille beaucoup sur base du trio : un petit, un grand et un enfant entre les deux Í¢ges. Cette manière de faire permet une foule d’échanges entre les enfants. Pour les plus petits, le fait de pouvoir se projeter en voyant les plus grands est important.
 »

Chef-d’œuvre pédagogique

L’idée de mettre en place une épreuve unique Í la sortie du primaire ne plaÍ®t pas Í la Maison des enfants. D’ailleurs on a mis en place un outil particulier pour marquer la fin de l’enseignement primaire : le chef-d’œuvre pédagogique.
« C’est un long travail final qui montre que l’élève a compris tout ce qui lui a été enseigné. Les sujets sont divers et sont choisis par les élèves. Il s’agit principalement d’un grand exposé que l’enfant présente devant tous les autres élèves et parfois devant des adultes extérieurs invités », nous explique Jean-François Manil. La particularité de l’épreuve – Charles Pepinster préfère parler de “preuve” - tient au fait que tous les enfants la réussissent. Pas question ici non plus de noter les élèves et de les mettre en compétition entre eux pour savoir qui a réalisé le meilleur travail. « Le chef-d’œuvre développe les aptitudes de concertation, de coopération et mobilise toutes une série d’apprentissages », aime rappeler Charles Pepinster qui revendique la paternité de ce concept.

« L’exposé, qui dure entre une heure et demi et deux heures, doit également contenir des aspects interactifs. C’est aussi une exposition. Le travail se réalise aussi grÍ¢ce au soutien d’un parrain. Il s’agit d’une personne extérieure qui n’est pas membre de la famille qui aide l’enfant dans la réalisation du chef-d’œuvre. Cet exercice final est certificatif mais n’est pas noté. La réussite est assurée d’office. Du moment qu’ils savent lire et écrire, ils peuvent aller dans le secondaire [1]. Ce qui compte, c’est qu’ils n’ont pas connu le stress, qu’ils ne sont pas fragilisés, qu’ils se sentent costaud. Notre but n’est pas d’assurer la transition vers l’enseignement secondaire. C’est le contraire. On veut les rendre fiers pour assurer la rupture. »

Lutter contre le stress de l’école et la violence que l’institution génère elle-même est effectivement l’autre grand principe qui sous-tend au succès de la Maison des enfants. Les instituteurs ne cachent pas qu’ils ont pris l’habitude d’accueillir depuis des années de nombreux enfants “abÍ®més” par l’enseignement traditionnel. L’univers familial, créatif et solidaire de la Maison des enfants est d’ailleurs propice Í redonner goÍ »t aux apprentissages Í des enfants qui ont parfois bien du mal Í supporter le climat hostile de certains établissements. « Quand un enfant est en souffrance Í l’école, c’est souvent parce qu’il se sent nul, inférieur ou rejeté par le groupe. Nous travaillons beaucoup sur la non-violence. Nous éradiquons les éléments de violence institutionnelle tels que la compétition ou les punitions. Pour inscrire les enfants en peine, les parents sont reçus en mai-juin. On leur demande d’amener une journée entière l’enfant Í la Maison des enfants. LÍ , il voit la différence. Si les parents sont convaincus que ce n’est pas “l’école des sots” et qu’ils souhaitent inscrire un de leurs enfants, ils sont priés de les inscrire tous. Pour éviter les tensions Í l’intérieur de la famille », précise Charles Pepinster.

Après 17 ans d’existence, Charles Pepinster et Jean-François Manil peuvent regarder avec fierté le travail accompli même si le travail a parfois été semé d’embÍ »ches. D’ailleurs, si les enfants qui sont sortis de la Maison des enfants ont des résultats similaires Í ceux des autres dans l’enseignement secondaire, ils auront appris Í développer une autre façon de voir le monde. Un monde plus solidaire. « Quand on dit que cette école est une utopie, je prends ça pour un compliment », aime répéter Charles Pepinster. «  On dit que l’utopie, c’est la réalité de demain. Et bien, l’école de demain existe et c’est tout Í fait légal !  »